viernes, 1 de octubre de 2010

Monde Drone

Par Marcelo Damiani

« Les envahisseurs : ces êtres étranges venus d'une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme devenu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l'atterrissage d'un vaisseau venu d'une autre galaxie. Maintenant, David Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu'ils ont pris forme humaine et qu'il lui faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé... ».
Ainsi commençait une des meilleures séries américaines des années 60. Bien sûr, elle était secrètement faite pour endoctriner les téléspectateurs. Son message pourrait se résumer ainsi le mal vient d'ailleurs, enveloppé dans une coquille qui semble humaine et qui, à sa mort, est consumée par des flammes rouges. Impossible d'être plus doctrinaire. Mais je pense que personne n'a encore remarqué le côté actuel de cette série qui d'ici peu fêtera son demi-siècle. Je ne veux bien sûr pas parler de son sens littéral mais métaphorique. Il semble que d'ici quelques années, ou peut-être moins, notre monde sera envahi par des co-quilles volantes qui semblent construites par des extra-terrestres.
Je veux parler évidemment des drones, ces véhicules aériens non habités (par des êtres humains, cela s'entend) C'est comme si quelqu'un s'était occupé d'inverser le sens de la série. À présent le danger vient de l'intérieur, et moins de ce qui semble humain que de ce qu'il y a d'inhumain dans l'humain.
Les drones (mot qui littéralement veut dire bourdon) ont envahi notre monde. Je parie qu'il y en a un qui est en train de survoler ma maison pendant que, distrait, j'écris cela, et peut-être y en a-t-il un au-dessus de la vôtre pendant que vous le lisez, étant donné que personne ne sait depuis quand les gouvernements font des essais là-dessus. Il ne serait pas étonnant que toutes ces soucoupes volantes dont les fans de science fiction parlent tant ne soient que des drones qui circulent dans le ciel, apportant et emmenant des choses dont nous ne voulons peut-être rien savoir.
Si les drones sont maintenant publics, c'est sûrement pour les rendre naturels, pour que nous nous habituions à leur présence, qu'ils soient le nouveau mécanisme d'ouverture ou une fausse transparence des systèmes de contrôle mondial pour mieux nous domestiquer. Ils veulent nous convaincre, et peu sont ceux qui doutent, que tôt ou tard ils le feront, qu'il est bien qu'un drone nous apporte notre delivery de nourriture chinoise ou de pizza, au lieu d'un pauvre jeune homme qui aide sa famille ou se paie ses études grâce à ce salaire. Ainsi, en plus, nous pourrons économiser beaucoup d'argent.
Par chance, je ne voyage pas la nuit sur des chemins solitaires. Par chance, je ne suis pas l'architecte David Vincent. Je ne me propose donc pas de vous convaincre que le cauchemar des drones a déjà commencé. Je me demande seulement, entre beaucoup d'autres choses, pourquoi ces objets volants en métal ont la permission de livrer de la nourriture et pas des livres. Serait-ce parce que c'est plus rentable ? Serait-ce pouf enfin pallier la faim de la planète ? Ou serait-ce parce que les livres on toujours été beaucoup, beaucoup plus dangereux qu'une bonne assiette de soupe chaude ?

 Traduit par Christian Roinat. Espaces Latinos. Automne — 2014